En avril, au détour d'un billet, je vous avais proposé de me poser des questions sur le métier de traducteur... Avec, soyons fous, l'idée d'en sélectionner 5.
Mais la vie est bien faite, puisque je n'ai même pas eu besoin de trancher. ;-)
Voici (enfin...) un retour là-dessus, avec les réponses aux trois questions que j'ai reçues.
Question de Sheila.
En tant que traducteur, au moment où tu reçois une nouvelle traduction à faire, comment commences-tu ? Lis-tu tout le livre une ou plusieurs fois et ensuite tu traduis ? Est-ce que tu traduit direct, mot à mot et ensuite t'y mets du sens, est-ce que tu lis en vo, note des éléments et ensuite tu relis pour compléter ? Bref... Comment attaques tu une nouvelle traduction ?
Eh bien, l'idéal évidemment, c'est de pouvoir lire le roman à tête reposée avant de l'entamer. Parfois, on peut simplement prendre quelques chapitres d'avance sur soi-même, mais c'est toujours ça de gagné. Mais une fois lancé, je reste... sur ma lancée. Je traduis chapitre par chapitre, en général aussi vite que possible, et je reviens ensuite sur mon texte via plusieurs relectures. L'autre approche consiste souvent à avancer plus lentement mais à rendre un premier jet quasiment parfait. J'avoue que j'ai plus de mal avec cette méthode de travail à titre tout personnel. Je me sens en quelque sorte "soulagé" de finir le premier jet du roman tout entier.
Sans doute une peur toute scolaire de rendre une copie blanche !
Question d'Antoine.
Quels sont tes rapports avec les éditeurs ?
Ce sont bien sûr des acteurs incontournables ! Maintenant, comme partout, en général, on est plus à l'aise avec quelqu'un avec qui on a pu échanger de vive voix, etc, qu'au bout d'un simple mail... En général, j'y tiens, car il y a des exceptions comme partout ! Avec le recul, j'aurais sans doute eu beaucoup de mal à travailler avec certaines personnes. Mais on ne peut pas tout accepter sous prétexte que l'on doit rendre un texte bien entendu aussi soigné que possible. Même si certains choix n'ont rien de facile. Jusqu'à maintenant, je m'estime chanceux.
Question de Mathieu.
Les éditeurs répètent que la situation est de plus en plus dure. C'est vrai ?
Pour répondre d'un mot : oui. Et on tombe assez vite dans un cercle vicieux : moins de ventes, moins de titres, moins de traductions ! C'est aussi simple que ça. Quand on est traducteur, on sait bien sûr que l'on est avant tout un "mercenaire des mots" et que comme tout mercenaire, il arrive parfois que personne n'ait besoin de nous engager... Alors il faut savoir rester prudent, tenter de se diversifier, et je dois dire que j'ai aussi la chance d'avoir une compagne qui travaille. Ça compte.