Depuis l’annonce de mon nouveau projet, je n’avais finalement jamais remis les pieds dans « ma » cité.
Oh, bien sûr, j’avais navigué non loin, suivant les courants qui me faisaient passer près de ses rivages, mais sans jamais y accoster de nouveau, depuis ma première nouvelle la prenant pour cadre. Une nouvelle justement à l’origine du projet Célestopol.
Ces dernières semaines m’avaient poussé à réfléchir en profondeur aux histoires que je compte proposer, à les disséquer, à les classer, à les peupler de personnages parfois pas encore tout à fait éveillés, dont le destin pourrait d’ailleurs encore changer, au fil de l’écriture.
Mais Célestopol elle-même demeurait une vision éthérée, un mirage peuplé d’ombres, un souvenir vibrant mais distant.
Je n’y avais peut-être pas pensé sur le coup, mais en relisant la première nouvelle que je termine depuis, une nouvelle a priori pas destinée à finir dans le recueil – pas pour une question de « qualité » cela dit – il n’est peut-être pas si innocent que ça de découvrir mon narrateur en route vers Célestopol quand on le croise pour la première fois. Un peu comme si j’avais eu moi aussi besoin de vivre cette traversée à travers son regard, pour mes retrouvailles avec une ville dont je découvre encore les secrets.
Contrairement à Anton, le personnage en question, ce n’était donc pas mon premier voyage. Mais j’ai partagé sa fascination et son appréhension tout au long de ces quelques pages avant de l’abandonner dans les rues et les canaux de la cité.
Quelque part, j’étais même sans doute encore plus nerveux que lui, alors que Célestopol grossissait à vue d’œil. Allais-je me replonger facilement dans son atmosphère ? Est-ce que je ne risquais pas de me perdre au fil de ses rues, sans parvenir à revenir sur mes pas ? Pire, allait-on me faire bon accueil ?
Bon, vous vous en doutez, si cela n’avait pas été le cas, je ne serais sans doute pas en train de rédiger ce billet ! Ou en tout cas, je ne l’aurais pas validé. Mais je dois dire que j’ai été vraiment soulagé de voir paragraphes et pages s’accumuler. Ce « galop d’essai » m’a même donné un vrai coup de fouet. Et s’il a pu en même temps rassurer mon éditeur (non pas qu’il ait exprimé des doutes), alors, tant mieux, d’une pierre deux coups !
Il n’y a pas de quoi se vanter et ce n’est pas le but de ce billet. Mais je suis content (et encore plus motivé), alors, j’avais envie de l’exprimer ! Et comme je ne sais pas faire court… voilà le résultat !
Et je confirme au passage que la nouvelle est vraiment un exercice formidable pour s’entraîner à écrire sous la contrainte. On peut se dire parfois « Oh, ça pourrait même donner un roman », avant de se débarrasser du superflu et de se rendre compte que son histoire pourrait difficilement se révéler plus frappante en étant plus longue. Quitte à devoir se creuser longtemps la tête et se demander jusqu’au bout si elle va bien rentrer dans le cadre d’un appel à textes… Et même si ce qui marche pour moi ne marche pas forcément pour les autres.
Dans mon prochain « carnet de voyage », je me trouverais sans doute pour de bon dans la cité quand je vous en parlerai. En ce moment, je séjourne dans une pension qui ne paie pas de mine, au carrefour de mes nouvelles. Plusieurs personnages s’y sont déjà croisés, et c’est aussi comme ça que l’on a droit à des surprises. A l’image des deux jeunes dames de cette nouvelle achevée qui s’étaient bien gardées d’apparaître dans mon synopsis.
Mais je leur dois de fiers services, alors...